En Argentine, la nourriture s’inscrit dans une culture de l’hospitalité et du partage. Le repas convivial, du brindis (toast) à l’asado (traditionnel barbecue argentin), est bien souvent l’occasion de se retrouver tous ensemble.

La comida (repas) est un événement auquel on invite régulièrement de la famille, ses voisins, ses amis… C’est aussi une chance pour le convive que l’on n’attendait pas, et qui est rapidement accueilli et intégré comme un proche. Comme un vieil ami d’enfance. Comme un membre de la famille. L’accueil fait partie des valeurs chères aux Argentins. Comme la familia, dont ils parlent avec amour et fierté, les yeux pétillants, avec de grands gestes de la main et un accent de mafioso…

En effet, il y a de l’Italie dans la cuisine argentine, une inspiration française dans la culture du vin, et si les horaires des repas et le mode de vie argentins tiennent davantage de l’Espagne, beaucoup de mets du pays ont été apportés avec eux par les Italiens, arrivés en masse aux XIXe et XXe siècle. Un Argentin sur deux n’a-t-il pas une ascendance transalpine ?

Voilà donc un florilège de spécialités argentines, à travers le menu d’une journée type :

Petit-déjeuner (Desayuno)

C’est le grand absent de la cuisine argentine. En effet, comme nous l’avons écrit plus haut, le palais argentin ne se réveille vraiment que pour le déjeuner (à l’horaire espagnol) ; la faute à une courte nuit ? À une fiesta de la veille qui fait encore « tanguer » l’Argentin ? Ou bien tout simplement à un rejet d’ordre physiologique de ce repas « mal-aimé » ? Quoiqu’il en soit, pour qui ne se satisfait pas des légendaires petits « crackers » (sortes de Tuc au goût neutre dont les Argentins sont friants le matin, à tel point qu’on en trouve un rayon entier dans chaque supermarché), il sera tout de même possible de trouver son bonheur en puisant dans les bons chapitres de l’Encyclopédie du parfait petit Marmiton argentin :

Medialunas

Une boisson chaude (généralement un café con leche, ou un thé) pourra très bien s’accompagner d’une ou deux media lunas (demi-lunes), sortes de petits croissants délicieux plus fins et recourbés que leurs homologues français, au goût possiblement frangipané, et recouverts d’une délicate pellicule de sucre glacé. L’Argentin trempera volontiers sa media-luna dans sa tasse. « C’est ainsi qu’elle est la plus savoureuse », nous confirme un porteño (habitant de Buenos Aires).

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Pour les inconditionnels de la tartine, il est possible de trouver du vrai pain. Voire même des baguettes. Dans ce cas, il faut oublier le Nutella, hors de prix en Argentine. Ce serait, d’ailleurs un sacrilège que de privilégier la pâte à tartiner de Ferrero plutôt que de succomber au fameux dulce de leche, incontournable ici. De couleur caramel, il est onctueux, et avec une douce saveur sucrée qu’il doit au lait concentré, base de sa préparation. Cette spécialité, si célèbre ici, n’est pourtant pas inconnue de nos grands-mères, sous un autre nom : confiture de lait.

Almuerzo (Déjeuner)

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L’entrée sous forme de crudités n’est pas vraiment de mise. Sur les cartes des restaurants, on retrouve, bien souvent, les fameux empanadas. Ces sortes de calzones miniatures, se composent d’une masa (pâte) légère et fine aux garnitures multiples (préparation de viande de boeuf piquante ou non, poulet, oignons caramélisés, fromage, maïs…). Souvent préparés dans un horno (four) à bois traditionnel, ils se savourent en quelques bouchées. Et, il arrive, parfois, que l’on veuille en reprendre !

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Au niveau des plats, la milanese de carne (escalope milanaise argentine au boeuf), presque aussi fine qu’une feuille de papier, et qui recouvre parfois toute l’assiette, est savoureusement panée, et s’accompagne de papas fritas (frites), d’arroz (riz) ou de purée. Une torta (tourte) aux parfums variés peut également être recommandée. On en trouve au maïs goûteux, au fromage, ou au selga (sorte d’épinards).

Une bière blonde, Andes ou Quilmes, fera très bien l’affaire comme boisson d’accompagnement.

Pour les postres (desserts), une coupe glacée à la façon argentine pourra clôturer en beauté votre repas sur une note d’extase. Nous avons testé pour vous une coupe de glace vanille-noix-crème fouettée au dulce de cayote (confit de courge de Siam). Ce fruit inconnu de nos papilles soulève de vastes débats. Son goût, sa texture et son apparence sont pour le moins uniques : il faut imaginer une sorte de datte filandreuse aux arômes de fruits secs.

Il est ensuite temps de se reposer. La sieste est une institution à laquelle personne ne doit déroger.

Merienda (Goûter)

Il ne faut pas se fier totalement à la traduction : pour les Argentins, la merienda fait plus office de pré-dîner que de goûter. Elle se prend vers 18h00, soit trois à quatre heures avant le véritable dîner.

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Pilier de la merienda, mais qui peut aussi se consommer tout au long de la journée : le maté. Ce n’est ni du café, ni du thé. Le maté est une infusion traditionnelle d’herbes séchées, qui se sirote avec une paille en métal dans une sorte de petite tasse ronde. Cette boisson est si personnelle que nul café n’en propose : il appartient à chacun de le confectionner à sa façon. On en trouvera des amers, sucrés, doux, épicés…

alfajores

Rien de tel pour l’accompagnement qu’un petit alfajor, sorte de macaron à la pâte sablée pouvant être de différentes tailles, avec une ou plusieurs couches (de dulce de leche, par exemple). Vous ne trouverez pas en France les alfajores industriels de Milka, qui sont, pour certains, très épais, et à toutes sortes de saveurs.

Cena (dîner)

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Vous n’échapperez pas à l’asado argentin, dont il arrive de sentir les odeurs dans les villes, comme dans les campagnes, en fin de semaine. Pour un asado, on fait griller au-dessus des braises des pièces de choix (principalement du boeuf, mais cela peut aussi être du veau ou bien encore de l’agneau à Pâques). Le miracle argentin opère systématiquement : la viande est toujours tendre, fondante, et légèrement salée. Cuite au naturel et à la perfection.

Un vin rouge argentin, un Malbec de Mendoza, puissant, fruité et généreux, se mariera à la perfection avec l’asado qui ne nécessite nul autre accompagnement.

humita

Pour les végétariens, nous ne saurions que recommander de goûter la humita : plat hérité de la culture indienne, à base d’une pâte de maïs succulente et subtile, elle-même cuite dans une feuille de maïs, qu’il faut ouvrir pour découvrir le met.

fernet

Si la cena se prolonge, et qu’il est question de sortir pour aller en boliche (bar dansant), on vous proposera de goûter au Fernet (alcool à base de plantes) qui peut faire penser au Jägermeister, que l’on mélangera avec du Coca-Cola et de la glace.

¡Buen provecho!

p.s. : les photos utilisées dans cet article (à part celles des empanadas, et le feu) ne sont pas les nôtres.