18 novembre 2016. C’est à Buenos Aires, « Bons vents », qu’avait commencé notre aventure à la découverte des mystérieuses Voies d’Amérasie. Nous ne songions pas, alors, que notre périple nous mènerait à des milles de là, jusqu’au bord de la Mer Rouge. Nous voilà donc à Aqaba, ultime chapitre de cette histoire d’un peu plus de huit mois. Aqaba. Ce nom arabe qui nous évoque subitement le verbe « acabar », qui, en espagnol, signifie « finir, terminer ». La boucle est bouclée.
Cette fois-ci, nous le savons, les quelques jours que nous passerons ici, au bord de la mer et face à la côte israélienne, seront les derniers. Et nous nous faisons le serment d’en savourer chaque seconde.

Avec l’azur en toile de fond, nous nous accordons quelques heures de farniente à l’abris du soleil. Nous sommes toujours ici, mais notre esprit déjà sait que le temps est compté et que, bientôt, de nouvelles aventures nous attendront ailleurs. Le soleil décline et la lune se lève, comme depuis l’aube de l’humanité. C’est un jour comme un autre à l’échelle cosmique, et pourtant, un jour si différent des autres pour nous. Un brin mélancoliques, nous sommes avant tout heureux.

Heureux d’avoir vécu un voyage à la découverte de différentes façons de vivre, de faire société, de porter des projets. Heureux d’avoir grandi ensemble de milles rencontres extraordinaires, et d’expériences aussi singulières que multiples. Heureux, enfin, d’avoir pris véritablement conscience de l’immensité du monde. Il y a tant d’univers à explorer, tant d’émerveillements à notre portée. Il s’agit simplement d’une question de regard.

Nous en faisons l’expérience, une fois encore, en allant explorer à la nage les fonds marins de cette plage qui ne paye pas de mine, et qui dissimule pourtant une somptueuse barrière de corail. Tout un monde insoupçonné qui vit entre les vagues et les récifs de cette côte. Des poissons clown, lune, papillon, perroquet, tous plus colorés et plus gracieux les uns que les autres, nagent autour de nous en se faufilant entre les cheveux d’anémones.

Dans cette eau turquoise, claire et silencieuse, traversée par les liserés lumineux du soleil, nous nous sentons dans une autre dimension. Comme ce fut le cas à Wadi Rum. Nous avons littéralement l’impression de voler. D’être libre.

La vie recèle tant de mystères. Nous avons tant à apprendre des autres et de nous-mêmes, en nous dépassant sans cesse, en essayant d’aller toujours au-delà de nos perceptions, de nos impressions premières.

Au terme de ce voyage au long cours, nous rendons grâce à la vie de nous avoir sauvegardés jusque là et permis d’entrevoir, par une fenêtre à jamais ouverte, l’infinie beauté de la nature et de l’homme.

Cela n’efface en rien les injustices, la souffrance et la misère, où que nous y ayons été confrontés. Toujours aussi cinglantes, glaçantes, révoltantes. Elles aussi nous ont marqués comme au fer rouge d’une empreinte indélébile. Nous ne pourrons les oublier. Toutefois, elles n’ont pas réussi à nous rendre misanthropes.

Car nous avons rencontré des hommes et des femmes d’une dignité magnifique, transfigurés par les épreuves de l’existence car ils ont su transformer une douleur, une détresse profondes en force d’amour envers les autres, en sagesse. Nous avons rencontré des gens là pour les soutenir. Là pour aider ceux mêmes qui n’ont parfois plus la force de demander de l’aide. Des gens qui ne comptent ni leur temps ni leur énergie au service des autres.

En Amérique, en Asie, nous avons fait la rencontre de porteurs de projets admirables, de personnes remarquables qui prouvent, chaque jour, par leur engagement, par leur vie, que la volonté et le courage peuvent triompher de la fatalité. C’était peut-être ça, finalement, les Voies d’Amérasie.

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